Depuis quelques heures, le PCA de Cobil SA Jean Thierry Monsenepwo tente désespérément de voler au secours du Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, en s’érigeant en défenseur improvisé d’un projet controversé, celui du contrat Securiport. Dans un texte saturé de formules rassurantes et de mots technocratiques, il cherche à convaincre l’opinion qu’il n’y aurait “aucune nouvelle taxe à l’aéroport”, mais simplement “une redevance sécuritaire internationale”.
Mais de qui se moque-t-on ?
Derrière le vernis des discours, il s’agit bel et bien d’une taxe déguisée, imposée aux voyageurs sous prétexte de sécurité, sans transparence, sans débat public, et sans contrôle réel sur les bénéficiaires des fonds.
“Une réforme stratégique face aux défis sécuritaires” ou la peur comme argument de vente
Quand Monsenepwo invoque les “menaces sécuritaires” et les “infiltrations criminelles”, il brandit la peur pour justifier une opération financière opaque. Oui, la RDC fait face à des défis sécuritaires. Mais faut-il pour autant transformer chaque billet d’avion en caisse automatique pour une société privée étrangère ?
Cette “réforme stratégique” ressemble davantage à un contrat commercial drapé dans le drapeau de la sécurité nationale. On veut faire croire qu’en payant une redevance, le Congolais devient plus en sécurité. En réalité, c’est le citoyen qui paie pendant que d’autres encaissent.
“Un système moderne et conforme aux standards internationaux” : un argument technique pour masquer une dépendance
Parler de “conformité aux normes internationales” est devenu le nouveau bouclier des gouvernements lorsqu’ils veulent justifier des accords controversés.
Mais modernité ne rime pas avec moralité. La modernisation des aéroports n’a jamais signifié qu’il faille céder le contrôle de nos données, de nos flux et de nos frontières à une société privée étrangère. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali ou le Congo-Brazzaville sont souvent cités en exemple, mais ces pays ont tous connu de vifs débats sur les dérives financières et contractuelles de ce type de partenariat.
La vraie modernité serait une technologie congolaise, maîtrisée par des institutions congolaises, sous contrôle parlementaire congolais.
“Un financement intégral assuré par Securiport LLC” : une phrase qui sent le piège
Monsenepwo affirme que le projet ne coûte “aucun franc du Trésor public”. Mais il oublie de dire qui paie réellement. Ce sont les voyageurs, c’est-à-dire les citoyens eux-mêmes. Le financement “assuré par Securiport” n’est qu’une avance remboursée par la population, sous la forme de cette fameuse “redevance sécuritaire”. En clair, Securiport investit aujourd’hui pour se faire rembourser demain… avec des profits colossaux. C’est un contrat gagnant-perdant. Gagnant pour l’entreprise, perdant pour le peuple.
“Pas de taxe, mais une redevance sécuritaire internationale” : le maquillage sémantique d’une ponction
Changer le mot ne change pas la réalité. Appeler “redevance” ce qui est en fait un prélèvement obligatoire imposé aux voyageurs, c’est jouer sur les mots pour tromper les esprits. Qu’elle soit intégrée au billet d’avion ou facturée séparément, cette somme est une taxe déguisée, dont la finalité est identique. Faire payer au citoyen un service dont il n’a ni demandé, ni approuvé le coût.
Et quand Monsenepwo précise que “les passagers nationaux ne sont pas concernés”, il oublie de dire que des milliers de Congolais vivant à l’étranger ou travaillant à l’international seront lourdement affectés.
“Un dispositif pour mieux protéger les frontières et les citoyens” : un discours qui cache un marché juteux
Ce projet n’a rien d’un acte patriotique. C’est un contrat commercial, signé dans la plus grande opacité, dont les termes échappent même à la représentation nationale. Sous couvert de sécurité, c’est un nouvel outil d’enrichissement pour des intermédiaires et des réseaux d’affaires proches du pouvoir.
Pendant que le pays se débat avec des priorités urgentes routes, écoles, hôpitaux, salaires des forces de sécurité, on parle ici d’un “dispositif biométrique de dernière génération” financé par les poches du peuple.
Monsenepwo veut sauver la peau du Vice-Premier Ministre Jacquemin Shabani, mais il le fait au prix d’une manipulation sémantique et d’un travestissement de la vérité. Appeler “redevance” ce qui est une taxe, dire “modernisation” pour masquer la privatisation, et invoquer la “sécurité nationale” pour couvrir une opération financière douteuse, voilà la vraie trame du dossier Securiport.
Le peuple congolais mérite mieux que des mots polis pour justifier l’injustifiable. La sécurité nationale ne peut pas être un business privé. Et la souveraineté ne se négocie pas sur le dos des citoyens.
Ben AKILI