Un rapport explosif du consortium de la société civile vient de jeter une lumière crue sur les pratiques abusives et inhumaines observées dans les mines de cuivre et de cobalt exploitées par COMMUS et Tenke Fungurume Mining (TFM), dans la province du Lualaba. Ces deux géants miniers, qui alimentent le monde en métaux stratégiques indispensables à la transition énergétique, sont accusés de transformer les travailleurs congolais en esclaves modernes au profit des multinationales.
Ce document, fruit d’une enquête menée entre 2023 et 2024 auprès de 550 travailleurs, dénonce un système opaque de recrutement basé sur le clientélisme, la corruption et les pots-de-vin. De nombreux employés travaillent sans contrat formel, sans affiliation effective à la sécurité sociale, malgré des prélèvements mensuels opérés sur leurs maigres salaires.
« Certains ouvriers sont licenciés oralement, sans indemnisation, comme s’ils n’étaient que des marchandises jetables », martèle le rapport.
Le consortium dénonce des journées de 12 heures imposées, en violation du Code du travail congolais, l’absence de réfectoires, la distribution de repas sans eau potable et l’exposition permanente aux poussières et gaz toxiques. Résultat : saignements de nez, migraines, maladies respiratoires et cardiaques non déclarées.
Sur le site de COMMUS, un système baptisé les “Warriors” oblige certains travailleurs à enchaîner 30 jours sans repos, un régime inhumain qui bafoue toutes les normes internationales.
Les rémunérations oscillent entre 150 et 500 dollars par mois, très loin de couvrir le coût de la vie. À cela s’ajoutent des discriminations flagrantes : les autochtones sont exclus des contrats stables, tandis que TFM privilégie désormais les expatriés, marginalisant les travailleurs congolais.
Au-delà du social, le rapport pointe des ravages environnementaux. Fissures dans les maisons, pollution de l’air, destruction d’appareils électroménagers et insalubrité criante dans les installations. Les communautés locales, déjà appauvries, subissent de plein fouet les conséquences d’une exploitation aveugle et destructrice.
Les syndicats sont muselés, les communications réduites, et toute tentative de revendication est étouffée par un climat de peur et de représailles.
« Les travailleurs ne sont plus des hommes libres, mais des prisonniers d’un système minier impitoyable », dénonce un membre du consortium.
Face à ce tableau sombre, la société civile exige : la révision du SMIG pour garantir un salaire décent, le respect strict du Code du travail et des conventions de l’OIT, la fin des licenciements abusifs et de la corruption dans les recrutements, une dotation régulière en équipements de protection et la responsabilisation juridique des maisons mères étrangères pour les abus commis au Congo.
« Nous refusons que le cobalt et le cuivre du Congo soient tachés du sang et de la sueur de nos compatriotes. Les multinationales doivent comprendre que le Congo n’est pas une colonie moderne », s’indigne le consortium, appelant le gouvernement et le parlement à des mesures immédiates et exemplaires.
À l’heure où le monde entier glorifie la transition énergétique et se tourne vers les batteries « propres », la RDC demeure le cimetière silencieux des travailleurs sacrifiés sur l’autel du profit étranger. Si rien n’est fait, le cuivre et le cobalt congolais ne resteront pas seulement les minerais du futur. Ils deviendront aussi les témoins d’un crime social et environnemental impuni.
Ben AKILI